Les corps d'Yves Domergue et de Cristina Cialceta, disparus pendant la dictature, identifiés

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Plantan árbol por francés y mexicana desaparecidos en dictadura argentina

ROSARIO, Argentina,

Un árbol timbó, especie autóctona de Argentina, fue plantado el sábado en el Bosque de la Memoria de Rosario, en una ceremonia de despedida de los restos de Yves Domergue y Cristina Cialceta, desaparecidos en la dictadura de ese país y recientemente identificados.

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Jean Domergue, padre de Yves dando una palada de tierra para plantar el árbol.

"Están juntos para siempre", dijo en español Jean Domergue, el padre de Yves, al término del acto en un parque de la ciudad de Rosario (310 km al norte), donde Yves y Cristina fueron secuestrados en 1976, cuando tenían 22 y 20 años.

Cerca de él, María Elena Marull, la madre de Cristina, estoica con sus 88 años, resistía la emoción y escuchaba los discursos hasta quebrarse tras dar una palada de tierra para ayudar a dejar plantado el timbó en el luminoso atardecer rosarino.

Uno por uno, hermanos de Yves, primas de Cristina, sobrinos, amigos, funcionarios argentinos y diplomáticos franceses dieron una palada en ese pequeño bosque donde confluyen distintas especies.

Yves, nacido en Francia, y Cristina, nacida en México, se conocieron en Argentina durante la militancia política en los álgidos años 70, se enamoraron, fueron secuestrados juntos en Rosario y luego asesinados a mediados de septiembre de 1976, cuando arreciaba la represión de la dictadura (1976/83).

"Me alivia saber que Yves fue feliz antes de morir, porque se había enamorado", dijo Jean Domergue a la AFP, quien no pudo evitar llorar cuando arrojaron las cenizas de su hijo.

Un frasco forrado con la foto de los rostros de Yves y Cristina, que contenías las cenizas de ambos mezcladas, fue vaciada por los hermanos de él y las primas de ella, en el mismo lugar, antes de plantar el árbol.

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El frasco que contenía las cenizas de Yves y Cristina

El 26 de septiembre de 1976 sus cuerpos acribillados fueron hallados por el dueño de un campo en la vera de una ruta rural y tres días más tarde enterrados sin nombres en el cementerio de Melincué, un pueblo a 120 km de Rosario.

Recién 34 años más tarde pudieron ser identificados por el Equipo Argentino de Antropología Forense, célebre por haber identificado en Bolivia los restos de Ernesto Che Guevara, entre otros casos resonantes.

"Los recordamos como militantes revolucionarios que cayeron luchando por una sociedad mejor", dijo Héctor Medina, antiguo compañero de militancia.

Unas 30.000 personas desaparecieron en la dictadura argentina, según organismos humanitarios.

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Eric, Brigitte y francois Domergue y un cuñado de Cristina Cialcetta arrojando las cenizas unidas de Yves Domergue y Cristina Cialcetta en el hoyo donde luego colocaron el árbol.

L.Samuel (AFP) 7 de agosto del 2010

Les corps d'Yves Domergue et de sa compagne disparus pendant la dictature argentine retrouvés

Comme vous avez pu le savoir par les médias, le corps d’un Français, Yves Domergue, disparu pendant la dictature a été identifié tout récemment avec celui de sa compagne, Cristina Cialceta, d’origine mexicaine.

Voici quelques mots d'Eric, frère d'Yves, écrits peu de temps après la découverte des corps...

Unas breves palabras para comunicarles que encontramos e indentificamos a mi hermano Yves y a su compañera Cristina Cialceta, ambos enterrados como NN en septiembre del 76 en el cementerio de Melincué, en el sur de Santa Fe, a más de 120 kilómetros de Rosario donde los secuestraron.

Se trata de una historia maravillosa de los alumnos y docentes de la escuela pública de Melincué que en 2003 se propusieron averiguar quiénes eran los dos jóvenes sin nombre baleados y tirados en un camino rural 27 años antes… y lo lograron. El trabajo de la Secretaría de Derechos Humanos de Santa Fe que investigaron hasta llegar a nuestra familia, y la participación siempre tan eficiente del Equipo Argentino de Antropología Forense (EAAF), concluyeron en cruzar el ADN de las dos familias con el de los dos NN de Melincué, con resultado positivo.

Las dos familias los vivimos como un gran alivio y toda la gratitud a esta verdadera cadena de manos tendidas que nos permiten dar vuelta esta página… y abrir una nueva, la de la búsqueda de la verdad, de la justicia, de llevar estas nuevas pruebas a los tribunales y la de seguir codo a codo con las demás familias en ese camino sin descanso contra la impunidad. Puedan Yves y Cristina representar a los 30.000 aunque sea en este instante.

Varias ceremonias nos permitirán compartir con muchos de ustedes el homenaje a dos jóvenes militantes revolucionarios, él francés, ella mexicana, que dieron su vida por la Argentina. Primero, el miércoles 28 a las 19 horas, en el sorprendente escenario de la Casa de Gobierno. Luego el sábado 7 de agosto por la mañana habrá una ceremonia en Melincué y a las 16 horas en el Bosque de la Memoria de Rosario donde serán volcadas sus cenizas y plantado un árbol. Finalmente, el domingo 8 de agosto a las 17 horas, una ceremonia en la Iglesia Santa Cruz de Buenos Aires.

Gracias a todos, de parte mía y de mi numerosa familia. Y que aquellas familias de detenidos-desaparecidos que aún no aportaron su muestra de sangre al banco del EAAF, adelante, las pruebas están a la vista.

Eric Domergue

Le discours de la présidente argentine, Cristina Kirchner, le jour de la conférence de presse au sujet de l'apparition des corps d'Yves Domergue et de Cristina.

Cliquez sur:

 http://www.prensa.argentina.ar/2010/07/28/10332-la-identidad-es-un-derecho-colectivo-y-social-aseguro-la-presidenta.php

Sur le lien suivant vous pourrez signer une pétition demandant l’installation d'une plaque commémorative au lycée Jean Mermoz pour Yves Domergue, Marie-Anne Erize et Cecilia Rotemberg tous trois ex-élèves du lycée et victimes de la répression.

Cliquez sur : 

La_pétition

Sur facebook, lireRecordando a los detenidos-desaparecidos del Liceo Franco-argentino Jean Mermoz de Buenos Aires"

Cliquer sur:

http://www.causes.com/causes/495630?m=d0fe3742&owner_id=13668580

 

De nombreux articles sont déjà parus dans de nombreux médias.

Voici une note parue dans  Le Monde :

lemondefr petYves Domergue identifié
Les restes du Français et de son amie mexicaine, disparus sous la dictature argentine voilà 34 ans, ont été identifiés. Les corps avaient été enterrés dans un village. Un hommage doit avoir lieu mercredi en présence de Mme Kirchner

Et l’article de C.Legrand correspondante du Monde à Buenos Aires

  

Une douleur française en Argentine   

 

C'était une tombe anonyme dans le cimetière d'un petit village de la Pampa. Trente-quatre ans après la disparition d'Yves Domergue en Argentine pendant la dictature militaire (1976-1983), c'est là que son cadavre a été retrouvé et identifié. Le jeune Français était enterré à Melincué, aux côtés de sa compagne mexicaine, Cristina Cialceta. Il avait 22 ans, elle 20 ans, quand ils furent enlevés en septembre 1976 dans la province de Santa Fe, dans les environs de Rosario, à 300 km au nord de Buenos Aires.

Tous deux militaient dans le Parti révolutionnaire des travailleurs - Armée révolutionnaire du peuple (PRT-ERP) du légendaire guérillero Mario Roberto Santucho. Pendant d'interminables années, plus de traces, aucune nouvelle malgré les nombreuses démarches entreprises par la famille Domergue auprès des gouvernements français et argentin.

La découverte macabre et divers témoignages de l'époque permettent de reconstruire l'histoire, comme un puzzle. Yves et Cristina sont interceptés par une patrouille de l'armée de terre et conduits illégalement dans une caserne militaire. Le dimanche 26 septembre 1976, un paysan du coin découvre leurs cadavres, jetés sur le bas-côté d'une route provinciale de Santa Fe. Il alerte la police. Une autopsie détermine que les deux inconnus sont morts, pas plus de quatre jours plus tôt, criblés de balles. Ils sont enterrés sous la dénomination "NN" (sans nom).

A Buenos Aires, les militaires sont au pouvoir, l'enquête pour homicides tombe dans l'oubli. Le dossier, menacé de destruction, est pourtant jalousement conservé par un officier de justice, Jorge Basuino. Ce militant de gauche est convaincu qu'il s'agit de jeunes assassinés par le régime militaire et "qu'un jour leurs familles viendront les chercher".

Vingt-sept ans plus tard, en 2003, un professeur d'instruction civique de Melincué, Juliana Cagrandi, propose à ses élèves de terminale de faire un travail de mémoire sur la dictature, à partir de ces deux mystérieux anonymes enterrés au cimetière. Les adolescents se passionnent pour l'histoire de ces jeunes gens à peine plus âgés qu'eux. Il faudra toutefois attendre cinq ans pour que les autorités s'intéressent à leur travail. En 2008, le secrétariat aux droits de l'homme de Santa Fe rouvre finalement le dossier. On exhume les cadavres. Des analyses ADN démontrent qu'il s'agit d'Yves Domergue et de Cristina Cialceta.

Dans son appartement du vieux quartier de San Telmo où il vit à Buenos Aires, Eric, frère cadet d'Yves, connaît le dossier par coeur : "Multiples orifices de balles, surtout dans la tête, et une balle à bout portant sous l'oeil droit." Il mentionne des traces de tortures. "C'est un soulagement de savoir qu'ils sont morts juste après avoir été enlevés, sans souffrir des mois dans une prison clandestine", souligne toutefois ce journaliste, marié à une Argentine, père de trois enfants et deux fois grand-père. "C'est un énorme soulagement, surtout en France, pour mes parents, qui sont âgés et qui peuvent enfin faire leur deuil sans plus se réveiller chaque matin en se demandant où est leur fils."

Eric se rappelle des dernières rencontres avec son frère : "Je pensais à chaque fois que c'était peut-être la dernière fois que je le voyais." Yves vivait dans la clandestinité, mais il prenait régulièrement contact avec lui. Il faisait des visites fugaces à la boulangerie où travaillait Eric pour fixer un jour et une heure de rendez-vous. Toujours dans le même lieu : la rue Sucre, dans le quartier bourgeois de Belgrano. "Moi, je remontais la rue, Yves la descendait, et nous nous retrouvions à un point quelconque du trajet, comme par hasard, pour marcher un moment côte à côte." Yves évitait de parler politique, mais était avide de savoir comment allait toute la famille en France.

Ses activités de militant conduisaient parfois Yves à voyager à l'intérieur de l'Argentine. "La dernière nouvelle que j'ai eue, se rappelle Eric, c'est une lettre qu'il m'a envoyée de Rosario ; là il me disait que de nombreux amis étaient tombés malade (un euphémisme pour signaler qu'ils avaient été arrêtés ou tués) et que bientôt il retournerait à Buenos Aires." Yves projetait d'aller à Paris pour passer les fêtes de Noël en famille. Mais il n'est jamais revenu. Eric est souvent retourné dans la rue Sucre : "C'était plus pour me souvenir d'Yves que pour l'espoir de le revoir un jour."

Respectant l'amour de leur fils pour l'Argentine et pour sa compagne, la famille Domergue a choisi de l'enterrer, aux côtés de Cristina, à Rosario. Là vit la mère de Cristina, âgée de 88 ans. Les deux corps seront incinérés et leurs cendres déposées, le 7 août, dans le Parc de la Mémoire, un espace dédié aux victimes de la dictature.

Le 8 août, Yves Domergue aurait eu 56 ans. Son père, Jean Domergue, âgé de 80 ans, fera le voyage depuis Paris. Il a vécu et travaillé en Argentine pour une entreprise française, de 1959 à 1974, avec sa femme et ses neuf enfants. Il y est courageusement revenu en pleine dictature pour dénoncer sur place la disparition d'Yves et présenter trois demandes d'habeas corpus en faveur de son fils aîné. "C'est un miracle qu'on l'ait retrouvé", dit cet homme profondément catholique qui s'inquiétait des idées révolutionnaires de son fils et des risques encourus, tout en le respectant.

Quand la famille retourne en France en 1974, Yves décide de rester en Argentine pour poursuivre ses études d'ingénieur. Il est doué en mathématiques, et son père imaginait pour lui un brillant avenir en France. Mais Yves a "un grand amour" pour l'Argentine. Il y est arrivé à l'âge de 5 ans. Il l'a parcourue, du nord au sud, quand il était scout. De son côté, rentré à Paris, Eric a très vite la nostalgie de ce grand frère qui maintient toujours des contacts étroits par courrier avec sa famille. Il décide de rejoindre Yves. A 20 ans, il débarque à Buenos Aires, deux semaines avant le coup d'Etat, qui a lieu le 24 mars 1976. Eric se souvient de la terreur qui régnait dans le pays : "Les voitures de police et des camions militaires à chaque coin de rue, les détentions arbitraires, les disparitions, les corps criblés de balles qui apparaissaient un peu partout." Après la disparition de son frère, le consulat de France lui conseille de rentrer à Paris pour ne pas subir le même sort qu'Yves. Eric revient donc en France. Il a dû attendre 1983 et le retour de la démocratie pour "revenir au pays", où il n'a cessé de se battre pour rechercher la vérité.

Aujourd'hui, il est serein : "Je peux tourner une page et en rouvrir une autre." Il attend que les assassins soient condamnés. Le procès du général Ramon Diaz Bessone, commandant en chef du deuxième corps d'armée de Santa Fe au moment de l'enlèvement d'Yves et de Cristina, s'est ouvert le 21 juillet à Rosario. Grâce à la découverte de leurs corps, de nouvelles preuves ont été versées au dossier.

Christine Legrand

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