Le long parcours d'une Française de l'étranger pour obtenir sa retraite française.
Lors d'un post précédent, nous avons pu lire toutes les difficultés qui attendent un Français de l'étranger désireux d'obtenir sa retraite via la convention bilatérale franco-argentine. Dans ce second volet, nous retrouvons notre témoin aux prises cette fois-ci avec sa demande de retraite française. On pourrait croire, dans un a priori quelque peu subjectif et suffisant, que les choses sont plus simples avec l'administration française. Loin s'en faut: il faudra bien vite se rendre à l'évidence que ce n'est pas du tout le cas.
La dématérialisation des démarches ajoutée aux restrictions budgétaires de ces dernières années sont, en partie tout du moins, passées par là.
J.Guillot
Six mois avant la date de mon 62ème anniversaire, j'ai décidé de commencer les démarches pour obtenir ma retraite française. J'avais déjà obtenu ma retraite argentine dans le cadre de la Convention [franco-argentine] et toutes mes démarches auprès de l'administration argentine avaient été extrêmement pénibles. En effet, l'administration locale avait mis deux ans pour traiter mon dossier et calculer correctement le montant de ma retraite. Par conséquent, je ne souhaitais absolument plus avoir affaire à elle pour demander ma retraite française.
Je pensais qu'ayant déjà mis à jour ma carrière dans les deux pays lors de ma demande de retraite, j'allais pouvoir faire les démarches sur le site Internet de l'Assurance Retraite où j'avais déjà un compte. Mais pour cela je devais me connecter via France Connect et ce fut un problème majeur car je n'ai pas pu obtenir d'identifiant ne disposant ni d'un compte Amélie, ni d'un compte sur le site des Impôts, ni de numéro de téléphone portable Orange... J'ai dû utiliser le site de la Poste et créer un compte sur l'Identité Numérique. Ce fut un véritable parcours du combattant car il fallait fournir un numéro de téléphone portable mais l'indicatif de l'Argentine ne figurait pas sur la liste des pays "acceptés", contrairement à d'autres pays sud-américains comme le Chili ! Pour pallier à cette situation, j'ai dû utiliser le numéro de portable d'une amie française.
Après plusieurs heures passées à essayer de réaliser la vidéo requise, de télécharger les photos des pièces d'identité et de contacter une amie en France qui me permette d'utiliser son numéro de portable pour y recevoir le code de sécurité envoyé par la Poste, j'ai finalement obtenu mon identifiant de l'Identité Numérique et ai pu accéder au site de l'Assurance Retraite pour commencer mes démarches afin d'obtenir ma retraite française. Ma joie fut de courte durée car au moment d'introduire mon adresse postale en Argentine dans le formulaire, un message m'a immédiatement informé que je ne pourrai pas continuer cette démarche sur le site et que je devais obligatoirement m'adresser à l'administration argentine !
Ayant décidé de ne plus utiliser ces services, j'ai pris contact avec celui des affaires sociales de l'Ambassade de France à Buenos Aires qui m'a fourni les coordonnées du "Corresponsal Nacional para Argentina" du "Polo de Relaciones Internacionales" de la CARSAT Aquitaine (1). J'ai finalement pu initier les démarches de ma retraite directement avec ce service car ma carrière dans les deux pays était déjà complète. Et ces démarches sont arrivées à bon port. Je bénéficie aujourd'hui d'une retraite argentine et d'une retraite française pour les années travaillées dans chaque pays.
Je suis convaincue que tous les problèmes auxquels j'ai dû faire face et qui ont généré des moments d'incertitude et d'angoisse ne se seraient pas présentés si la Convention mettait à notre disposition des interlocuteurs directs en France pour nous aider dans nos démarches administratives.
C'est à mon avis l'obstacle majeur de cette Convention.
1: La Carsat Aquitaine gère les dossiers des retraités français vivant en Argentine.