Cumul des mandats
Mme Paula Forteza, députée LRM de la seconde circonscription pour les Français de l’étranger depuis 2017, a fait le choix d’intégrer la liste de Cédric Villani, candidat à la mairie de Paris aux prochaines élections municipales qui se dérouleront prochainement en mars. Elle postule pour être à la tête de la mairie du XIXème arrondissement de la capitale et sera sa porte-parole de campagne.
Cette décision sera probablement passée inaperçue pour la très grande majorité des Français de l’Hexagone mais peut-être pas pour les Français de l’étranger et encore moins pour ceux qui, vivant en Amérique centrale et du sud, suivent un tant soit peu les soubresauts de notre politique nationale.[1]
A cette décision, nous pourrons faire au moins deux remarques.
La majorité présidentielle au pouvoir, sans le dire clairement, est en train de remettre en cause la loi du 22 janvier 2014 votée sous la présidence Hollande laquelle, justement, avait pour but de mettre fin au cumul des mandats considérant, à juste titre selon nous, qu’une mandature efficace et constructive demandait à l’élu d’y consacrer beaucoup de temps et que, mathématiquement, cette disponibilité était mise à mal lorsqu’il fallait assumer plusieurs fonctions électives. Rappelons opportunément que cette loi a été votée à l’époque où notre députée était membre de la majorité présidentielle. Depuis le début de l’année dernière, la majorité actuelle essaie de remettre en cause cette loi, poussée en cela par la droite républicaine. Elle évoque la possibilité d’ajouter aux fonctions d’élu parlementaire un mandat électif local, ce qui permettrait au député d’être au plus près du terrain. On parle aussi de mandat pour des petite communes. Ce n’est pas à nous de juger de la pertinence de cette argumentation. Nous nous arrêterons simplement sur ces deux idées évoquées en les comparant avec notre réalité de Français vivant à l’étranger : proximité, petite commune ?
Il faut bien reconnaître qu’assumer la charge de député pour les Français de l’étranger dans une circonscription correspondant à la moitié du continent américain n’est pas des plus simples. Nous comprenons très bien qu’un séjour régulier dans chaque pays de la circonscription ne peut être ni fréquent ni trop s’étaler dans la durée. Par contre, à partir du moment où l’on accède à ces fonctions, auxquelles s’ajoutent les actions et présences à l’Assemblée nationale, Mme Forteza est fortement impliquée dans le numérique ce que nous ne remettons nullement en cause, il serait peut-être judicieux de mettre les actes à la hauteur des intentions émises par la candidate « En Marche » lors des dernières élections législatives. A titre d’exemple, notre précédent et premier député, Sergio Coronado, sut marquer sa fonction de son empreinte. Or, nous voyons bien que la présence en circonscription de Mme Forteza, si elle pouvait être considérée comme correcte en début de mandat s’est peu à peu étiolée avec le temps pour devenir quasiment inexistante. A notre connaissance, la dernière visite, pour l’Argentine, remonte à l’organisation d’une réunion dans le cadre du Grand débat. La mise en place d’une équipe de relais efficace, attachée à la députation pourrait sans doute compenser en partie ces difficultés dues aux distances afin justement de faire passer les messages et d’être au plus près des Français. Or il n’en est malheureusement rien. De plus, l’envoi de lettres d’information, réel, est malheureusement trop rare, surtout si l’on compare avec l’énergie déployée par certains de nos sénateurs. Ainsi, si cette charge parlementaire s’avère déjà suffisamment complexe comment se fait-il qu’on puisse briguer un mandat électif afin de devenir maire d’un arrondissement de Paris en ajoutant de surcroît le rôle de porte-parole de campagne qui demande une présence de tous les instants et exercer en même temps un mandat de députée pour les Français de l’étranger ? Si déjà, Mme Forteza éprouve toutes les peines du monde à marquer sa présence dans notre circonscription, comment pourra-t-elle assumer une double charge élective si elle venait à être élue ?
Dans un de ses spots de campagne, Mme Forteza dit qu’il faut prendre les Français au sérieux. Est-ce ainsi la meilleure façon de le démontrer ?
J.Guillot
Président de la section Français du monde-ADFE de Buenos Aires
[1] Pour information, nous vous transmettons le lien d’une pétition, que chacun signera ou non en son âme et conscience, demandant la démission de Mme la députée en rapport avec sa décision d’intégrer la liste de M.Villani.